Petite honte matinale…
Garagiste ce matin. Prince Bougon trouve que la voiture « fait
un bruit ». Mais comme il est très occupé, il m’a confié la mission de l’emmener
au garage. Que j’ai accepté, bien obligée, ma nature anxieuse et imaginative me
poussant à imaginer tout ce que « bruit » peut sous-entendre de
catastrophes à venir… Comme moi emmenant Crapaud à la crèche avant une réunion
importante et bing, ça démarre plus. Je me retrouve toute seule avec Crapaud et
ses 8kg5 sur les bras. Ou moi roulant de beau matin avec Crapaud, et bing, plus
de frein. Ou bing, plus de direction assistée. Ou bing, crevaison en plein dans
l’embouteillage monstre de la mort qui tue… Quoi, ça fait pas de « bruit »
un pneu prêt à crever ? Enfin bref, j’ai accepté la mission, bien que je n’aime
pas trop les garagistes. C’est toujours des hommes qui parlent avec des mots
que je ne comprends pas, ça me met mal à l’aise, et ils annoncent toujours des
mauvaises nouvelles…
Je rêve du garagiste qui me dira : « Cette petite rayure dans la
portière ? Meuh non ne vous en faites pas ma petite dame, pas besoin de
tout changer et de tout repeindre, qui qui vous a dit ça ? Un petit coup
de peinture et on n’y voit que du feu. Regardez, je vous dessine même une
petite fleur, nous les garagistes nous sommes aussi un peu artistes… Voilà,
réparé ! N’est-ce pas joli ? Allez ce sera deux euros ! ». Oui,
j’ai dit « je rêve ». Au mieux faut plutôt leur confier Titine Bien Aimée quelques heures et patienter dans une salle d’attente pleine de
magazines automobiles, au pire faut leur laisser quelques jours, en priant pour
qu’ils aient un véhicule de rechange… Et ils gardent toujours une mauvaise
surprise pour la fin : « Voilà ma petite dame, réparé ! Ca vous coutera
un bras. Le droit, c’est le plus cher… ».
Donc j’y suis allée à reculons ce matin.
Prince Bougon m’avait briefée, bien décris le « bruit » (« des
casseroles qu’on traine du côté droit », ou « comme un marteau-piqueur
dehors »…) et j’avais emmené deux romans pour la salle d’attente. J’avais
la carte grise, mon carnet de chèque, celui où y’a de l’argent sur le compte,
et j’avais ramassé tous les petits papiers qui trainaient sur le sol de la
voiture par acquis de conscience. J’étais parée, j’étais prête.
Le garagiste était à l’heure et gentil. Il m’a proposé d’aller faire un tour
pour écouter ce « bruit ». J’ai accepté, mais à reculons aussi, parce
que le « bruit » c’est surtout Prince Bougon qui l’entendait, moi je
mets toujours la musique… Je lui ai donné les clefs et nous voilà partis
pour une petite ballade dans la campagne…
C’est Titine qui devait être contente de se promener par ce beau temps, parce
qu’elle n’a pas bronché une seule fois. Pas un seul « bruit ». Un
doux ronron.
Après ¼ d’heure d’oreille tendue, le monsieur a fini par abandonner, et m’a
déposée devant son garage, il n’a même pas éteins le moteur… « Bon, ben
vous revenez si elle refait un « bruit » parce que là… ». J’ai
remercié, j’ai repris la place du conducteur, et je suis partie. La honte.
C’est Prince Bougon qui va être déçu que j’aie échoué à ma mission. Déçu, mais sans
doute pas surpris sur ce coup. J’aime pas aller chez le garagiste!