Noire parenthèse…
Week-end tout doux bien renfermé à l’intérieur pour éviter
le froid du dehors… Crapaud a été mignon, Prince Bougon pas bougon, tout
nickel…
Jusqu’à hier soir.
Prince Bougon, amateur de frisson, c’est mis dans la tête de regarder The Descent,
film où une bande de gonzesses (toutes plus belles les unes que les autres, on ne
se demande pas le pourquoi du choix du Prince…) amatrices d’aventures décident
de partir pour une séance de spéléo et se retrouvent coincées là, dans les bas-fonds,
avec quelqu’un, ou quelque chose, ou plusieurs quelques choses, qui les suit…
Pour les amateurs de frissons, ce film est parfait, il joue à fond sur la
claustrophobie, la peur du noir, la peur du vide, la peur du monstre… Ca m’a
rappelé une nouvelle de Lovecraft, mais je ne retrouve plus laquelle… Peut-être
« Celui qui chuchotait dans les ténèbres » ? Rah, je devrais
faire des fiches de lecture. Enfin bref, il y a du sang, mais pas trop, on
voit, mais mal… Bref, c’est terrifiant. Même Prince Bougon a sursauté. Et moi
je me retrouve traumatisée.
Avant j’adorais me faire peur devant ce genre de film, mais aujourd’hui je ne
sais pas si c’est la Maturité ou la Maternité, enfin c’est surement un
truc en M, parce qu’ado je me moquais souvent de ma Mère incapable de voir ne
serait-ce qu’une once de sang sans quitter son canapé et retourner vers sa
chambre et son lit protecteur. Moi j’avais peur sur le coup, mais même pas peur
en fait… Le lendemain je rigolais bien en y repensant avec mes potes au lycée.
Je rigolais moins le week-end suivant quand mes parents me laissait seule pour
aller chez des amis et que je me retrouvais dans notre maison isolée au milieu
de la cambrousse et des ténèbres, avec plein de vieux bruits dans les vieux
murs, mais ça ne durait qu’un temps et c’était encore prétexte à rigoler avec
les potos le lundi suivant…
Maintenant je ne peux plus voir un homme mourir dans un film sans m’imaginer un
Crapaud adulte à sa place. Je ne peux plus voir l’héroïne du film d’hier tuer
un bébé monstre sans ressentir le désespoir de la maman monstre.
Maintenant j’ai peur pendant, et après je dors mal. C'est-à-dire que je passe
une soirée crispée sur mon canapé sous ma couverture, avec un œil fermé et un
œil sur l’écran, me rappelant en boucle que je suis chez moi, dans mon petit
univers douillet, pas dans le film, et qu’il ne peut « rien m’arriver
d’affreux maintenant »… et le chat ne veut même pas me tenir chaud parce
que je gigote de trop et que je l’empêche de rêvasser pépère. Et après dans le
lit je passe la nuit crispée sous ma couverture, les deux yeux hermétiquement
clos de peur d’entrevoir quelque chose dans le noir, me rappelant en boucle que
je suis chez moi, dans mon petit lit douillet, pas dans le film… et Prince
Bougon ne veut même pas me tenir chaud parce que je gigote trop et que je
l’empêche de dormir pépère.
Bah, en même temps on n’a pas idée de visiter une grotte inconnue où personne
n’a jamais foutu les pieds. Jamais je ne ferais ça moi. Donc il ne peut rien
m’arriver d’affreux.
Oui mais dans l’autre film là, The Grudge, l’héroïne elle a eu juste à
rentrer dans la maison hantée pour qu’il lui arrive tout plein d’horrrrribles
horrrrrreurs… Je ne serai pas entrée sans le savoir dans une maison hantée
dernièrement ? …
Bon, c’est décidé, je mets ma curiosité de côté et je n’irai pas voir
Paranormal Activity.
J’ai passée une plutôt sale nuit. Mais je n’ai pas fait de cauchemars, ça va.
C’est pour plus tard, quand mon inconscient aura bien emmagasiné les horreurs
de hier soir et que mon moi conscient les aura oublié, lui… Qu’il aura baissé
la garde. Là les monstres reviendront... Ca me donnera l’occasion de me
plaindre à nouveau de ce Prince Bougon qui ne peut pas s’empêcher de regarder
n’importe quel film où y’a des belles gonzesses en groupe. De le blâmer lui,
plutôt que ma toute nouvelle Maturité. Ou Maternité. Ou Manque de courage…
Enfin un truc en M.
Oui c’est ça : ça doit encore être de la faute de ma mère…