Mon "maternage" (berk)
Je voudrais réagir à l’article du Monde dont parlait Madame
hier, « Plus près de toi, mon bébé »… J’en ai grommelé dans ma
(courte) barbe toute la soirée… J’ai pourtant laissé un commentaire
interminable sur le blog de Madame, mais il semble que ça n’ait pas suffit. Il faut
que j’en parle encore. Ici ça me semble bien. Je suis chez moi, je fais ce que
je veux.
Le maternage donc. Il y a deux ans, je ne connaissais même pas ce mot. Il y a
un an, je le découvrais et je le trouvais très laid. D’après l’article du
Monde et d’après ce que j’en ai compris ça correspondrait en gros à allaiter
son bébé, à le porter
en écharpe et à faire du cododo (dormir avec lui, ou dans la même chambre que
lui). Et bizarrement, ces petites choses toutes simples et aussi vieilles que l’humanité
sont aujourd’hui révolutionnaires et scandaleuses. Les adopter, c’est être « militant ».
Moi-même, pauvre modérée qui n’a même pas allaité Crapaud, je dois me justifier auprès
de mes parents et beaux-parents, à la boulangère, à mes collègues, aux gens dans la rue... qui ne comprennent pas l’utilisation que je
peux faire d’une écharpe de portage, par rapport à tout le confort et le
pratique d’un landau.
Alors en leur honneur, en l’honneur des lecteurs du Monde, en l’honneur de tous
ceux qui ne comprennent pas ce qu’est ce « maternage » et qui ne
passeront jamais lire cet article, je vais essayer d’expliquer mon point de vue
avec des mots simples.
1 - L’allaitement : donner le sein à
bébé pour qu’il se nourrisse quand il a faim. On n’est pas mammifères pour
rien. Je ne vois même pas en quoi je devrais justifier le fait qu’une mère
choisisse d’allaiter son bébé. Bon, déjà j’ai un mauvais point à l’interro « Suis-je
une bonne maman maternante ? ». Les premiers jours Crapaud ne voulait
pas, par contre il a tout de suite adoré son biberon. Je ne l’ai pas forcé. J’ai
donné le biberon « à la demande » et non pas à des horaires strictes
parce que j’estimais que si Crapaud avait faim autant lui donner à manger,
plutôt que le laisser hurler jusqu’à l’heure dite comme ma mère me l’avait
conseillé. Avec ce traitement il a fait ses nuits à 3 semaines.
Pour répondre aux quelques hargneux lecteurs du Monde, je connais beaucoup de
femmes ayant allaité, je n’en connais aucune ayant dépassé un an. J’en conclurais
donc qu’allaiter son bébé plus de… 9 mois, même, reste très exceptionnel. Être « maternante »
(herk ce mot-là aussi !) ne signifie pas forcement allaiter son enfant
jusqu’à l’âge de 5ans.
2 – L’écharpe de portage : garder le
bébé bien plaqué contre soi dans une écharpe pour se déplacer, plutôt que de l’installer
dans un landau ou une poussette. J’habite le 3ème étage sans ascenseur.
Une écharpe c’est beaucoup plus léger qu’un landau (et beaucoup, beaucoup moins
cher). Surtout maintenant que Crapaud pèse presque 10kg, je suis bien contente
de ne pas avoir à descendre puis remonter un landau en plus d’un Crapaud.
La question pratique mise à part, Crapaud a tout de suite adoré. Il s’est
endormi dans la seconde la première fois que je l’ai mis là-dedans, et
maintenant je peux le sortir sans craindre qu’il ait froid. Tout bien contre
moi je suis sa bouillotte géante, il est la mienne. C’est chouette.
Ah, et non, ça ne fait pas mal au dos quand on sait bien la mettre et quand la
balade ne dépasse pas une heure. Ah, et non, ça ne prend pas plus longtemps de
le mettre dans l’écharpe que de l’harnacher dans sa poussette qu’il faut plier,
déplier, remettre les lanières dans le bon sens… je dirais que c’est kif kif.
Ah, et contrairement à l’anecdote de l'article du Monde je n’ai
jamais envisagé de faire la cuisine avec Crapaud dans l’écharpe. Comme je le porte devant, ce
serait comme faire le ménage en étant enceinte d’un bébé de 10kg. Je pense
pouvoir dire sans me tromper que c’est impossible.
3 - Le cododo : alors je répète
ce que dit l’article : le cododo ce n’est pas forcement dormir avec son bébé mais dormir à côté de son bébé. Ca peut très bien
rester chacun son lit. Et ça peut être super pratique quand le bébé a toujours
besoin d’une tétée ou deux la nuit. J’ai une copine qui faisait ça. Un gémissement
du bébé et hop, elle l’attrapait sans se lever et hop, elle sortait le sein et
hop, redodo pour les parents pendant que bébé prend sa dose. Celui-là a fait
ses nuits à 2 mois et demi. Une fois l’allaitement terminé et le bébé qui fait
ses nuits tout seul je ne vois pas trop l’intérêt de continuer… Mais je ne vois pas trop où
est le mal non plus… Mes deux mamies ont eu respectivement 5 et 10 enfants,
avec un maximum de 3 chambres pour tout le monde, je suis persuadée qu’il y a
eu du cododo dans l’histoire. Et mes parents et tantes ne sont pas plus tordus
que d’autres… J’ai aussi partagé la chambre de Crapaud une fois ou deux et je
trouve ça plutôt agréable de le savoir là, à côté, d’entendre sa respiration
bien régulière et de n’avoir qu’un pas à faire pour lui retrouver sa sucette le
matin pour qu’il dorme un peu plus longtemps…
Enfin tout ça pour dire que le « maternage » (berk)
me semble juste être une question de bon sens… Elever son bébé avec amour et
tendresse, c’est logique, non ? Mais bien sûr il faut que ce soit critiqué,
comme toute façon qu’aura un parent d’élever un enfant… Jamais personne ne
trouvera la perfection dans ce domaine. Mon beau-père m’a souvent reproché d’être
trop proche de mon bébé. Je ne le laisse pas pleurer. Je lui fait trop de câlins. Je ne croyais pourtant pas
le traumatiser. Et je préfère lui faire des câlins maintenant, tant qu’il ne
peut pas encore se débattre. Monstre que je suis.
Bon, l’article du Monde parle de « maternage intensif ». Mais combien d’ « adeptes du maternage
intensif » qui suivent les principes à la lettre pour des milliers de dilettantes
comme moi ? … J’ai remarqué aussi
que l’article ne parle pas du papa. Même ce mot, « maternage », en
plus d’être moche, met le père à l’écart… Encore une étiquette pour les mamans…
Mais c’est bien connu, les femmes ne sont que des hystériques « obsessionnelles »
qui ne savent pas faire la part des choses et à qui on aurait bien tord de
confier l’éducation de nos enfants.