Oies sauvages
La semaine dernière je les avais vues arriver, en V dans le ciel bleu. Je les ai montrées à Prince Bougon, à Crapaud et à Chat : « Regardez les oies ! »
Prince Bougon a levé le nez de ses copies à corriger : « Ah ouais. »
Crapaud m’a adressé un sourire baveux au-dessus de son petit bateau en plastique : « Ka ! »
Chat a baillé.
Moi je les ai regardées passer en rêvant. C'est ça, d'avoir lu Le merveilleux Voyage de Nils Holgersson enfant... Ca fait rêver.
Hier après-midi entre deux averses je promenais un Crapaud endormi dans sa poussette, respirant un air doux, profitant du chant des oiseaux, du clapotis de la rivière d'à côté, de la chaleur du soleil quand il apparaissait…
Elles étaient là, énormes et effrayantes, de l’autre côté de la rive, à peine cachées derrière un bosquet déplumé par l’hiver : elles couvaient. Déjà.
Elles n'avaient pas peur de moi. Moi un peu, je me suis souvenue des oies de ma grand-mère, même pas sauvages pourtant, qui non seulement braillaient à qui mieux mieux à chacun de mes passages devant leur cour, mais en plus donnaient des coups de becs contre le grillage, on ne sait jamais, au cas où je compte y mettre un doigt.
Celles-ci semblaient plus paisibles, posées sur leur nid. On s'est regardé. Crapaud a reniflé. Je suis repartie.