Sable et blancs nuages
Il parait que nous avons un gros nuage au-dessus de nos têtes qui empêche les avions de voler, mais qu’on ne le voit pas. Moi je le voyais... Je pensais juste que j’avais ramené le brouillard de Normandie dans mes bagages, mais non, ça vient d’Islande. Suis-je bête. Voici donc plusieurs jours que le ciel est bleu brumeux, c’était bizarre et on sait maintenant à quoi c’est dû. A moins que ce ne soit juste dû à ce bizarre mois d’avril. Ou à mes valises mal dépoussiérées du sable normand…
Quand je me balade je ferme les yeux, je m’accroche à la poussette, et je repère les odeurs. Parfois de la fumée, quand quelqu’un fait un feu, et je suis presque déçue de ne pas avoir un si bon odorat que je renifle le volcan, parfois l’herbe juste coupée, parfois l’eau vive de la rivière, parfois les chevaux pas loin, ou la crotte de chien, ou le bitume de la route, ou les fleurs des arbres, ou la poussière… Je sens tout ça, tous ces éléments, mais un par un, comme si mon nez était tellement pas doué qu’il ne peut penser qu’à une chose à la fois.
Un peu comme si mon nez et moi on était la même personne, donc.
Il parait que ce soir le soleil couchant sera roux, toujours à cause de l’Islande. Pff, je le savais ça aussi. Il l’était déjà hier, et avant-hier, et avant-avant-hier, à cause de la Normandie. Mais je regarderai, c’est toujours joli au-dessus du Café du Commerce, derrière les rideaux baissés, parce que même roux et derrière la brume, il éblouit.
Me revoilà de retour de vacances, du rêve plein mes bagages. Désolée de ne pas être revenue plus tôt. J’étais déconnectée, dans les deux sens du terme!