Il s’en passe des choses quand j’ai le dos tourné !
Hier branle-bas de combat dans mon quartier : plusieurs
camions de police, de pompiers, étaient rassemblés sur la place tels des
petites mouches sur un morceau de sucre (je me sens l’âme poétique aujourd’hui,
pas du tout popo). Moi je n’ai rien vu, pauvre innocente, par mes fenêtres qui donnent de
ce côté je ne vois qu’un tout petit bout de place, alors faut vraiment qu’un
gyrophare soit garé juste là pour que je m’aperçoive de quelque chose qui
cloche.
Enfin bref, je m’éloigne du sujet. C’est Prince Bougon qui m’a tout raconté.
Prince Bougon est adjoint au Maire, un grade plus élevé que moi qui ne suis qu’une
humble conseillère, et quand son directeur de service a vu de ses fenêtres à
lui (mieux placées que les miennes, à l’évidence) le remue-ménage sur la
place, il lui a tout de suite téléphoné en disant : « Y’a quelque
chose qui cloche en ville, et M. le Maire n’est pas là. » Prince Bougon
adorant jouer Zorro est arrivé en galopant sur son cheval blanc (dans sa
kangoo bleu) et, m’a-t-il dit plus tard, pensant tout de suite à une prise d’otage.
« Une prise d’otaaage… que je lui ai rétorqué, t’es pas fou, à Biiiiiiiiiiiiiiiip ????
– Non je ne dirai pas où j’habite – Qui veux-tu qui prenne quoi en otage ? »
Mais Prince Bougon était en plein dans son trip western : « Et je me
suis dit que peut-être il faudrait que je parlemente avec le preneur d’otage,
comme Sarkozy à Neuilly, ou que je me mette prisonnier à la place des otages…
- Non mais ça va pas dans ta tête!!! que j’ai dit fort à propos, je te
rappelle que tu es papa maintenant, et qu’il est hors de question que tu te
fasses tuer ! »
J'ai marqué une pause: « Il a fait ça Sarkozy?
- Ouai, quand il était maire à Neuilly.
- Oui ben il fait ce qu'il veut pour se faire remarquer, mais il laisse pas derrière lui femme et enfant lui. Ah, euh, si. Enfin pas sans le sou en tout cas! Qui finira de payer l'appart? Qui descendra les poubelles? Et qui réparera l’évier qui fuit quand tu seras mort ? J’oserais
jamais demander à ton père de se déplacer moi…
- Nan mais de toute façon c’était pas une prise d’otage, juste une fuite de gaz
à la pharmacie de Stéphane (un ami à nous).
- Quoi ?????????? »
Oui, j’étais un peu hystérique hier, et la gaz ça me fait peur, c’est
irrationnel il parait.
« Ben oui. Ils ont fermé tous les commerces aux alentours, et ils ont
bloqué la rue. Ils sont encore là.
- Ouaaaah… »
Pas si irrationnel finalement.
Je me suis approchée de notre fenêtre qui donnait sur la place, j’ai tordu mon
cou dans tous les sens. J’ai rien vu. C’est marrant tout ce qui se passe dans
le monde pendant qu’on est bêtement occupé à changer les couches, caché
derrière ses murs :
« Moi qui voulait acheter des gouttes pour le nez de Crapaud… »
J’y suis allée ce matin. Tout le monde était parti. Tout était calme et les petites vieilles étaient de retour à la pharmacie… Je suis complètement passée à côté de la prise d’otage… Mais j’ai remercié Stéphane de ne pas avoir fait sauter nos toutes nouvelles fenêtres…