Un ange passe…
Ange est repartie, donc. Sa venue m'a fait du bien, je me suis vidée d'un trop plein de conversation de fille qui ne trouvait pas à se déverser ses derniers temps. Au restaurant nous avons discuté comme il y a 10 ans aux terrasses des cafés. Nous nous sommes même fait draguer, pas par un jeune boutonneux comme jadis mais par un vieux en jogging, pour ses neveux… Il n’avait d’yeux que pour Ange, cet homme-là, j’ai pu l’appeler l’Allumeuse le reste du week-end. Femme de mauvaise vie. Ca vient de la grande ville toute maquillée et apprêtée pour nous piquer nos hommes.
Je me sens toute légère et prête à supporter à nouveau les petites merdes de la vie.
En parlant de petites merdes, pour l'exemple, il m'a fallu hier emmener Prince Bougon voir un chirurgien à 50 km de chez nous (aaah la désertification de nos campagnes...), le déposer devant une clinique toute pourrie en travaux, aller me garer, sortir Crapaud et poussette, le rejoindre dans une salle d'attente bondée en radiologie - machines en panne. Donner son biberon à Crapaud entouré de gens pas beaux, râleurs, souffrants et mécontents, attendre, attendre, pour finir par obéir à mon cher et tendre qui m'ordonnait de rentrer à la maison pour venir le reprendre dans plusieurs heures, quand il passerait, enfin. J’ai pris l’ascenseur, fait un tour au dernier étage (depuis quand il existe des rez-de-chaussée « haut » et des rez-de-chaussée « bas » ?). Dans le froid et la grisaille, je suis partie à la recherche de la voiture garée à l’autre bout de la ville. J'ai refait les 50 km dans l'autre sens. Je suis arrivée à la maison. J'ai ressorti Crapaud et poussette sur les trois étages. J'ai abandonné mon fils sur un coin de tapis et je me suis effondrée dans le canapé. Mon téléphone a sonné: Prince Bougon était déjà passé.
J'ai repris Crapaud et poussette, redescendu les trois étages, réinstallé mon petit homme dans la voiture, refait le trajet aller-retour, et le tout sans râler.
Dire si ça m'a fait du bien la visite d'Ange.
J'en deviens un aussi.
Bon, à part ça le bras de Prince Bougon est presque réparé. Pas besoin d’opération, il pourra même aller au mariage de mon frèrot à l’autre bout de la France. Et il pourra à nouveau manger des bonbons, ouvrir des bières, couper sa viande... Et dans quelques semaines encore, changer les couches.
Et moi je reprendrais ma vie de feignasse.