Pourquoi un ronchon ronchonne ?
Mon directeur Gandalf, qu’est gentil et souriant comme tout d’habitude, que c’est
un vrai bonheur de travailler avec lui dans la joie et la bonne humeur, en ce
moment, il boude. Hier en réunion pas un sourire. Regard noir tout le long. Et pas une parole dans les escaliers. Il m'a tenu la porte, comme d'habitude, il n'est pas Gandalf pour rien, mais sans un mot gentil. C'est qu'on s'y fait à force...
Alors j’ai cru que c’était contre moi. Parce que le monde
tourne autour de moi, c’est bien connu. J’avais dû faire quelque chose de mal... Ou faire une gaffe, encore, comme la fois où alors qu’il se moquait
gentiment des cheveux de Crapaud qui ne poussaient pas vite je n'ai pas su tenir ma langue : « Ben oui il a la même coupe que toi ! ».
Par là je voulais dire bien sûr qu’il avait les cheveux très court,
pas du tout que Gandalf se déplumait… Mais j’ai bien vu à sa petite grimace que
c’est la dernière proposition qui a été retenue… Hier j’ai donc cherché ce que
j’avais – encore – pu faire ou dire de mal, j’ai imaginé un tas de trucs, j’ai
fini par trouver plein de choses qui auraient pu le vexer en me disant : « Vraiment,
quel susceptible alors ce Gandalf … » (oui je suis une pro pour retourner
une situation gênante à mon avantage, au moins dans ma tête) ou plein de choses
qui auraient pu le décevoir pour finir sur cette vibrante conclusion : « De
toute façon c’est jamais bien ce que je fais !!! ».
En gros je me suis fait
un tas de petits films, alors qu’il semble qu’il ait juste été de très mauvais poil.
Il était ronchon. La fin de l’année, le boulot qui s’accumule, les soucis, quoi que ce soit, ça arrive à tout le monde... Ce matin ça
avait l’air d’aller mieux, j’ai même eu droit à une ou deux blagues et de
vagues sourires sous son nez rouge. Enrhumé en plus, ça suffit à un bonhomme pour être désagréable, où avais-je donc la tête! Je vais pouvoir partir en vacances sans me
sentir coupable. En tout cas, au moins pour ça… Parce que manquerait plus que
M. le Maire ou la baby sister tire la tronche ce soir pour que je me sente
visée. Et Dieu sait quelle bêtise j’ai bien encore pu dire moi, avec ma grande
gu****…
En tout cas pour cette fois, ça n'avait rien à voir avec ma petite personne. Ouf. Le monde ne
tourne pas toujours autour de moi. Oui parce que c’est dur à porter, toute cette
pression...